Le Mont-Royal est un site de choix pour plusieurs citadins qui cherchent à prendre du recul de la jungle urbaine. Depuis plus de 20 ans, les cyclistes s’y promènent afin d’en découvrir tous les aspects, tous ces secrets. D’abord, le cycliste récréatif s’y promène sur le Ch. Olmstead, le sentier multifonctionnel principal qui permet de gravir la montagne selon les souhaits de Olmstead, l’architecte du parc, du bas vers le sommet. Ensuite, les cyclistes de routes à la recherche de défi s’attaquent en grand nombre à Camillien-Houde et au chemin Remembrance puis dans tous les nombreux chemins asphaltés des deux cimetières à la recherche de côte permettant de s’y dépasser. Les cyclistes de montagne, quant à eux, s’aventure dans les sentiers créés par les milliers de piétons qui sillonnent la montagne dans tous les sens. Avec les années, certains sentiers ont été aménagés afin de répondre aux nombreuses activités estivales et hivernales: ski de fond, raquette, marche et vélo.

Un choix des montréalais depuis toujours

Le Mont-Royal est une des premières base de plein air des montréalais comme en témoigne les deux pentes de ski alpin ayant déjà fait parti de son territoire. Dès la naissance des sports alpins, la pente du CEPSUM et la pente du Lac des Castors, un étant artificiel, représentent un des premiers centres de ski accessible à l’ensemble de la population. De nos jours, afin de s’ajuster à la demande des citoyens et aux changements des activités de plein air, la pente du lac des castors permet de s’adonner à la descente sur tubes quand la neige est au rendez-vous.

Depuis plus de 20 ans, les cyclistes de montagne y trouvent donc un endroit de choix pour s’adonner leur activité préférée. Comme le parc est situé à proximité de quartiers densément peuplés, des milliers de cyclistes s’y rendent à vélo. Nul besoin de voiture pour aller rouler au Mont-Royal, de nombreuses pistes cyclables permettent d’y accéder. C’est d’ailleurs de cette façon que j’ai découvert la montagne dès les débuts du secondaire. Après l’école, on traversait de nombreux parcs et sentiers pour finalement prendre la piste cyclable Rachel jusqu’au pied de la montagne. Une fois rendu, on explorait. Chaque sentier était une nouvelle opportunité de découverte. Chaque fois, on agrandissait notre territoire. De semaines en semaines, on allait plus loin jusqu’à ce que nous l’ensemble des sentiers était maintenant cartographiés dans nos têtes de jeunes adolescents. Jusqu’au début de la vingtaine, c’était notre seule façon de rouler en sentiers puisque nous n’avions pas de voitures.

Depuis la fin de nos études et le début de nos carrières, nous avons affronté le trafic vers les collines de la Montérégie et les basses Laurentides les soirs de semaines afin d’ajouter un peu d’exercice à notre mode de vie. Beaucoup de planification nécessaire, prendre l’auto, covoiturer, s’équiper de lumières permettant de rouler la nuit dans les sentiers lointains. Rapidement, cette tradition des sorties de semaines s’est perdue. Après tout, une des raisons principales de demeurer en ville est de ne pas devoir se battre dans le trafic!

Une étude pour mieux comprendre les besoins des cyclistes

En 2007, Les Amis de la Montagne lance une étude ayant pour but de mieux connaitre les habitudes des cyclistes et de trouver des solutions durables afin de répondre aux besoins que plus de 20 ans de répression n’ont su éliminer. Avec des nombreuses recherches, on trouve que de nombreuses villes ont aménagé des sentiers durables accessibles à vélo de montagne au coeur de leurs villes.

À Toronto, le Don Valley Parkway est entouré de sentiers que les cyclistes peuvent parcourir. Le tout nouveau Rouge National Urban Park de Parcs Canada aura également des sentiers naturels accessibles pour le vélo de montagne. À Vancouver, on peut prendre l’autobus avec son vélo de montagne pour se rendre dans les sentiers mythiques du North Shore que la ville de North Vancouver à reconnu grâce aux efforts du North Shore Mountain Bike Association (NSMBA). À Ottawa, le club local, grâce au support de la Ville, a pu officialiser des sentiers avec la création du parc de conservation du South March Highland Conservation Area. À Sherbrooke, la Ville a crée, grâce à la venue des Jeux du Canada 2013, un réseau de sentiers durables pour les cyclistes du Mont-Bellevue, un parc urbain similaire au Mont-Royal. Bref, la liste est longue! La plupart des villes ont trouvé des solutions durables permettant d’aménager des sentiers durables qui répondent aux besoins de la communauté.

Les acteurs et les ressources

En 2009, l’ADSVMQ et la FQSC ont publié le Guide d’Aménagement des Sentiers de Vélo de Montagne. Ce guide, basé sur les ouvrages en anglais d’IMBA (Trails Solution et Managing Mountain Biking, afin de donner les outils nécessaires à la réalisation de sentiers durables. Ce premier ouvrage en français couvre les étapes de la planification à la réalisation de sentiers et couvre également des histoires à succès en sol québécois.

En 2011, Vélo Québec ajoute le vélo de montagne aux différentes activités dont elle fait la promotion. Grâce a un partenariat avec l’ADSVMQ, Vélo Québec offre maintenant une voie aux milliers de cyclistes de montagne.

Vers une solution durable

Le Mont-Royal est un site de choix qui mérite d’être mieux protéger afin d’accueillir les usagers qui la fréquente. Le ski alpin est disparu et a fait place à la glissade sur tube. La popularité de la raquette a permis l’ajout de sentiers dédiés à sa pratique dans un réseau parallèle aux sentiers de ski de fond. Le vélo de montagne peut également gagner sa place si la montagne souhaite, une fois pour toute, permettre aux cyclistes d’y rouler dans des sentiers durables aménagé selon les règles de l’art.

Bien sur, pour enlever de la pression sur le Mont-Royal, il faut offrir des sites alternatifs. L’étude de 2007 en avait identifié plusieurs: la falaise Saint-Jacques, le parc Maisonneuve, les parcs-nature, le parc en création dans l’ancienne carrière Saint-Michel, etc. Bref, plein d’opportunités d’offrir des sentiers s’offrent à nous si on souhaite répondre à la demande croissante des cyclistes.